Un premier être humain reçoit l’implant cérébral Neuralink
Elon Musk a très récemment partagé sur X que le premier humain venait de recevoir un implant cérébral de Neuralink. Il a déclaré : « [le premier humain] se rétablit bien. Les premiers résultats montrent une détection prometteuse des pointes de neurones ». Cela fait partie de l’essai clinique « First-in-Human » annoncé par la société l’année dernière. Un « premier site hospitalier » est mentionné, mais le lieu n’est pas révélé. L’état de santé du tout premier patient n’est pas non plus connu. Le recrutement devrait porter sur différents types de paralysie grave. Il peut s’agir d’une lésion de la moelle épinière cervicale (tétraplégie, également appelée quadriplégie), mais les personnes atteintes d’une paralysie causée par la SLA sont également prises en considération. Cet essai sur l’homme, connu sous le nom d’étude PRIME, recrute des patients.
EL’étude Prime : recrutement et protocole
L’étude vise à évaluer la sécurité de l’implant et du robot chirurgical de Neuralink, ainsi que la fonctionnalité initiale de leur interface BCI/BMI (Brain to Computer/Machine Interface), afin de permettre aux personnes paralysées de contrôler des appareils externes par la pensée. Les patients sont invités à participer au registre des patients disponible sur le site web de la société. L’étude durera six ans au total. La brochure de l’étude (lien) indique que « l’étude primaire comprend une combinaison de 9 visites à domicile et en clinique et se déroule sur une période d’environ 18 mois. Le suivi à long terme commence immédiatement après la fin de l’étude primaire et s’étend sur 5 ans, avec un total de 20 visites ». Malheureusement, ni le site web ni la brochure n’indiquent l’emplacement du « premier site hospitalier ».
Musk: aider ou « utiliser » les personnes paralysées ?
Selon le site web de l’entreprise, sa mission est de « créer une interface cérébrale généralisée pour restaurer l’autonomie des personnes dont les besoins médicaux ne sont pas satisfaits aujourd’hui et libérer le potentiel humain demain ». En d’autres termes, aider les personnes souffrant d’affections neurologiques telles que les lésions de la moelle épinière ne constitue qu’un tremplin pour parvenir à l’augmentation humaine par le biais de l’IA (intelligence artificielle).
Musk a déclaré à plusieurs reprises que l’implant cérébral allait permettre aux personnes atteintes de paralysie de retrouver « toutes les fonctionnalités de leur corps ». Il a également déclaré que Neuralink allait « restaurer les mouvements du corps entier ». À cet égard, de nombreuses personnes vivant avec une lésion de la moelle épinière croient ou espèrent maintenant que Neuralink va changer leur vie ou au moins jouer un rôle majeur dans l’inversion de la paralysie. En est-il ainsi ?
Intelligence Artificielle : potentiels et limitations
L’idée qui sous-tend l’implant cérébral de Neuralink ou d’autres projets de BMI (Brain Machine Interface ou de BCI (Brain Computer Interface) est que les patients souffrant d’une déficience neurologique pourront la compenser en utilisant une communication directe entre leur cerveau et un ordinateur ou une machine. Une puce est implantée dans le crâne et transmet l’ordre directement à l’ordinateur ou à la machine/appareil. Des images d’un chimpanzé jouant à un jeu informatique par la seule force de sa pensée l’ont démontré. Les personnes tétraplégiques pourront ainsi contrôler leur smartphone directement par la pensée ou un bras robotisé. Certaines de ces fonctionnalités sont certainement les bienvenues pour les personnes qui ont perdu le contrôle de la partie supérieure de leur corps et qui souhaitent devenir plus indépendantes pour les activités quotidiennes simples.
Photo: CNN. Voir article
En tous les cas, il ne faut pas oublier que les thérapies telles que l’implant de Neuralink sont extrêmement invasives puisqu’elles nécessitent une intervention chirurgicale au niveau du cerveau pour implanter la puce. En outre, cette technologie permettra-t-elle de résoudre le problème majeur de la douleur neuropathique chez les personnes souffrant de lésions de la moelle épinière ? Est-il susceptible de restaurer le contrôle et la sensation de la vessie ou de l’intestin ? Enfin, et ce n’est pas le moins important, va-t-elle permettre une véritable fonction et expérience sexuelles ?
L’intelligence artificielle, la robotique et l’ingénierie pourraient en fin de compte rendre certaines fonctions aux patients souffrant de lésions de la moelle épinière, car il est évident que ces technologies feront d’énormes progrès en cours de route. Toutefois, nous devons également être en mesure de ressentir notre corps pour nous sentir humains. Neuralink affirme que sa puce permettra un retour sensoriel. Cela permettra-t-il un jour aux personnes souffrant de paralysie de retrouver des sensations réelles et complètes ?
BMI / BCI comme ingrédient d’une thérapie combinée pour guérir les lésions médullaires ?
Aussi passionnants que puissent être l’IA, l’IMC et la robotique d’un point de vue scientifique, il ne s’agit pour l’instant que de thérapies compensatoires. Il est peu probable qu’elles remplacent une véritable réparation biologique / régénération de la moelle épinière. Il est évident que ces techniques vont faire d’énormes progrès dans les années à venir et que leurs potentiels vont se développer. Une approche hybride consistant à combiner les perspectives technologiques et d’IA avec les impératifs biologiques ultra-complexes pourrait produire des résultats intéressants dans cette direction. En tout état de cause, pour les fondations visant à inverser la paralysie, telles que endParalysis, allouer des fonds importants à l’IA et à la robotique pourrait n’être qu’une illusion. C’est également superflu puisque ces domaines de recherche sont de toute façon financés (par exemple par l’armée et l’industrie). L’IA et la robotique donnent des images impressionnantes. Elles inspirent. Malheureusement, la réalité et les besoins quotidiens des personnes paralysées sont ailleurs.